Interview alumni : Thierry Brigodiot, dirigeant chez Pragma, consultant en qualité relationnelle

Devenir ingénieur était une évidence pour Thierry Brigodiot. Il a un parcours riche, entre technique et sciences humaines. Des débuts chez Citroën comme chef de projet Infrastructure LAN auprès des filiales Européenne au consultant AMO via un cabinet de Conseil (Orgaconseil) puis consultant interne dans la fonction publique d’Etat. Aujourd’hui dirigeant de Pragma, il nous parle de son métier, centré sur l’accompagnement des groupes portant l’accent sur la qualité relationnelle. Découvrez son parcours, ses convictions et ses conseils.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Thierry Brigodiot. j’ai 59 ans, marié et 2 enfants. J’ai eu mon diplôme d'ingénieur en Système d’information et Project Management chez CY Tech en 1989. Juste après, j’ai poursuivi avec un master en management de l’innovation et des technologies à l’université de Sussex en Angleterre. Cette double formation m’a permis de débuter ma carrière chez Citroën en tant que chef de projet. Convaincu par l’importance de la formation continue, j’ai suivi un MBA à l’IAE de Paris avec un option en Conduite du changement, sur deux ans en cours du soir. Cette spécialisation m’a permis d’intégrer la fonction publique d’État en tant que consultant interne à l’éducation nationale entre 1999 et 2004. J’ai pu approfondir mes compétences en accompagnement de groupes, en coaching collectif et individuel. Aujourd’hui, je dirige Pragma, une société spécialisée dans la mesure du climat social et l'accompagnement des équipes en portant une attention à la qualité relationnelle. J’interviens tout particulièrement sur un programme diffusé auprès des établissements publics de santé.
Pourquoi avez-vous choisi CY Tech pour votre formation ?
J’avais une vocation d’ingénieur qui est ancrée depuis plusieurs générations dans ma famille - pas très original je dois bien l'avouer ! Lors d'une rencontre avec des étudiants de l'école venus présenter leur cursus, j’ai immédiatement été frappé par l'importance accordée à la dimension humaine. Je garde notamment un souvenir marquant des cinq heures hebdomadaires de communication dispensées par des enseignants québécois. Je leur en suis encore reconnaissant et pense souvent à eux.
Que vous a apporté votre formation ? Quelles valeurs gardez-vous encore aujourd'hui ?
CY Tech m’a permis de faire le lien entre la technique et les relations humaines. Faire uniquement de la technique sans capacité d'échanger est limitant, tout comme faire du social sans connaître les aspects technologiques. Cette dualité est indispensable aujourd’hui dans tous les domaines scientifiques et techniques.
Les relations humaines ont-elles vraiment leur place dans les métiers techniques ?
Elles sont centrales, même déterminantes. Dans mon activité actuelle, que ce soit dans l’industrie, ou dans le monde du soin, j’observe systématiquement que le principal facteur différenciant les équipes qui réussissent de celles en difficulté est précisément la qualité de leurs échanges. La capacité à engager une conversation constructive, à accepter et à dépasser les désaccords techniques dans un esprit de coopération est déterminante. Elle reste pourtant encore trop rare aujourd’hui.
À quoi ressemble une journée type en tant que dirigeant ?
Je n’ai pas vraiment de journée type, car chaque mission est différente. Ma société, Pragma, crée des questionnaires sur mesure pour recueillir les perceptions des collaborateurs, puis réaliser les traitements statistiques, les éditions et accompagner les dirigeants et manager pour identifier les ajustements nécessaires. Je développe également beaucoup l'intelligence collective, une approche qui vise à enrichir autant l'individu que le groupe.
Quelles sont les qualités principales pour exercer votre métier ?
La principale qualité est de savoir partir de l’Autre, des Autres. Cela implique une grande disponibilité, de l’écoute active et une profonde empathie. Cette qualité est essentielle dans tous les métiers, y compris dans les disciplines les plus techniques.
Qu’est-ce qui vous motive au quotidien dans vos échanges professionnels ?
Les rencontres humaines. Chaque échange est un apprentissage infini. Travailler avec des personnes différentes permet d'entreprendre ensemble, de nourrir des ambitions communes, et c'est ce qui me motive encore aujourd’hui.
En échangeant avec des dirigeants - notamment dans le cadre d’une formation que j’anime à Sciences Po - j'ai remarqué que leurs plus grandes réussites sont liées à une reconnexion avec leur aspiration profonde, leur rêve d'enfant. C’est important de préserver des zones de liberté pour faire grandir ses aspirations professionnelles.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
À 59 ans, je souhaite maintenant transmettre mon entreprise (si vous êtes intéressé, contactez moi ; )) et poursuivre l’accompagnement de la fonction publique de santé, notamment dans la transformation des hôpitaux publics. J’explore aussi la vie rurale où j’ai récemment déménagé, et je découvre un territoire plein de dynamisme, bien loin des des clichés .
Quel serait votre conseil pour les jeunes qui souhaiteraient suivre votre voie ?
Mon conseil principal est de ne jamais agir seul, mais de privilégier le “Avec”. Comme me le rappelle régulièrement une amie mexicaine : « Una cabeza, un mundo » (« Une tête, un monde entier »). C’est pour me rappeler que découvrir et comprendre le monde des autres est essentiel. C’est en apprenant à collaborer et à s’ouvrir à différentes perspectives, cultures, que l’on grandit professionnellement et personnellement.